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Impact, vous avez dit Impact ?

Longtemps réservé au vocabulaire technique, soit de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), soit des « études d’impact », le terme « Impact » apparaît de plus en plus souvent dans la presse économique voire généraliste, dans le contexte de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) : fonds à impact, indicateurs d’impacts, matérialité impact… Faisons un peu « d’impactologie » et décryptons les différentes significations actuelles de ce terme.


L’impact, en laissant de côté la signification balistique, c’est l’influence, la conséquence d’une action. L’influence peut être positive, par exemple « un discours à fort impact », ou négative, s’il s’agit de dégradations de l’environnement par exemple. Les « fonds à impact » se situent dans la première catégorie : les investissements sont orientés de façon à limiter la pression sociale et environnementale.


L’Efrag (European Financial Reporting Advisory Group, ou Groupe consultatif européen sur l'information financière), propose la définition suivante de l’impact d’une entreprise : « l’effet qu’une entreprise a ou peut avoir sur l’économie, l’environnement et les populations, incluant notamment son effet sur les droits humains, comme résultat des activités ou des relations d’affaires de l’entreprise. Les impacts peuvent être avérés ou potentiels, négatifs ou positifs, à long ou court terme, intentionnels ou non, réversibles ou irréversibles. La notion d’impact vise la contribution de l’entreprise, négative ou positive, au développement durable. » Notons dans cette définition le glissement du singulier au pluriel – « les impacts » -, essentiel dans le domaine environnemental, pour ne pas limiter l’attention et les efforts sur le seul changement climatique – cela fera l’objet d’un prochain article.


La nouvelle directive européenne sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, la CSRD, ou Corporate Sustainability Reporting Directive, introduit la notion de double matérialité : « matérialité impact » et « matérialité financière ». La première regroupe les impacts environnementaux et sociaux de l’entreprise, positifs ou négatifs, réels ou potentiels – ce sera également l’objet d’un prochain article. La CSRD exige une évaluation de la double matérialité.


Plus généralement, dans le cadre de la transition énergétique et écologique, les acteurs sont invités à mesurer leurs impacts environnementaux et sociaux pour focaliser l’action sur les sujets les plus importants et vérifier que les mesures mises en œuvre sont bien pertinentes.


Le normalisateur n’a pas attendu la transition énergétique et écologique pour utiliser ce terme : dès 1996, la norme ISO 14001 fonde les systèmes de management de l’environnement sur l’analyse des aspects et impacts environnementaux significatifs : un aspect environnemental est un élément qui peut réagir avec l'environnement, par exemple une émission de substance toxique dans l’air peut interagir avec les organismes vivant à proximité, faune ou flore. Un impact environnemental représente l'ensemble des modifications fonctionnelles, qualitatives et quantitatives de l’environnement engendrées par une action, une activité, un processus, un procédé, un produit, un organisme de sa conception à sa fin de vie. L’analyse environnementale va chercher à identifier les aspects et impacts environnementaux significatifs pour mettre ensuite en place un plan d’action : « Un aspect environnemental peut causer un ou plusieurs impacts environnementaux (3.2.4). Un aspect environnemental significatif est un aspect environnemental qui a ou peut avoir un ou plusieurs impacts environnementaux significatifs ».


En Analyse de Cycle de Vie (ACV), le terme a des significations très précises qui diffèrent selon les mots auxquels il est accolé : ainsi,


  • L’évaluation de l’impact du cycle de vie (ACVI) est le résultat de l’ACV, qui demande à être interprété pour tirer des conclusions et orienter la prise de décision - « phase de l'analyse du cycle de vie destinée à comprendre et évaluer l'ampleur et l'importance des impacts potentiels d'un système de produits sur l'environnement au cours de son cycle de vie» (définition 3.4, ISO 14040)


  • une catégorie d’impact est un type d’impact, par exemple l’acidification atmosphérique - « une classe représentant les points environnementaux étudiés à laquelle les résultats de l'inventaire du cycle de vie peuvent être affectés » (définition 3.39, ISO 14040)


  • un indicateur d’impact (ou indicateur de catégorie d’impact) est une quantification de l’impact, qui repose sur un modèle liant les émissions ou consommations (communément appelées flux) à l’évaluation de l’impact via des facteurs de caractérisation. Par exemple, un indicateur pour l’effet de serre est proposé par le GIEC, il repose sur des facteurs représentant le potentiel radiatif des différents gaz contribuant à l’effet de serre - « représentation quantifiable d'une catégorie d'impact » (définition 3.40, ISO 14040).

En résumé, au cours de son cycle de vie, un produit induit des consommations de ressources naturelles et des rejets de substances et énergie dans l’environnement (flux), lesquels contribuent à dégrader l’environnement selon différents mécanismes (les catégories d’impact), et cette dégradation peut être évaluée quantitativement via des modèles et le calcul d’indicateurs de catégorie d’impact.


Le même vocabulaire se retrouve dans l’ACV sociale, mais avec un niveau supplémentaire – notions de catégorie et de sous-catégorie d’impact - du fait de la multiplicité des personnes potentiellement impactées au cours du cycle de vie : travailleurs, communautés locales, consommateurs… Le lecteur intéressé par ce sujet trouvera une section dédiée en fin d’article.



Pour en revenir aux impacts environnementaux, le programme européen Product Environmental Footprint (PEF) visant l’affichage environnemental sur les produits de grande consommation recommande l’évaluation d’une quinzaine d’indicateurs d’impact parmi lesquels seront sélectionnés les plus pertinents selon le type de produit considéré. Ces indicateurs sont repris dans le tableau ci-dessous, issu de [1].


Envie d’en savoir plus sur ces impacts environnementaux, leurs mécanismes, leurs conséquences sur l’environnement et les personnes, leur dynamique à l’échelle européenne ou mondiale ?



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Le terme d’impact en ACV sociale (ACV-S)


Comme indiqué plus haut, les définitions forgées pour l’ACV environnementale ont été reprises dans l’ACV sociale, plus récente. Selon [2] :

  • Les impacts sociaux sont les conséquences de pressions positives ou négatives sur les paramètres sociaux de la zone de protection (c'est-à-dire le bien-être des parties prenantes).

  • L'évaluation de l'impact social est la phase de l'ACV-S visant à calculer, comprendre et évaluer l'ampleur et l'importance des impacts sociaux potentiels d'un système de produits tout au long du cycle de vie du produit (adapté de la définition 3.4 de la norme ISO 14040).

  • Une catégorie d'impact social est une classe qui couvre certaines questions sociales présentant un intérêt pour les parties prenantes et les décideurs. Dans la pratique, les catégories d'impact sont des regroupements logiques de résultats d'ACV (sous-catégories). La (sous-)catégorie d'impact reflète un type d'impact, par exemple le travail des enfants, dans la catégorie travail.

  • Un indicateur d'impact / Indicateur de (sous-)catégorie d'impact représente un impact (social), lié à une (sous-) catégorie d'impact particulière. Il reflète l'ampleur de l'impact. L'indicateur d'impact des heures d'enseignement manquées en est un exemple. Une catégorie d'impact peut avoir plusieurs indicateurs, par exemple les heures d'enseignement manquées sont l'un des indicateurs de la catégorie d'impact "travail des enfants", au même titre par exemple que le risque pour la santé et le développement physique des enfants.


Ces définitions ont été complétées par une expression additionnelle, le chemin d’impact :

  • Il existe deux grandes familles d'approches pour l'évaluation de l'impact social, l'évaluation par l'échelle de référence (anciennement Type I ou RS S-LCIA) et l'évaluation par le chemin d'impact (anciennement Type II ou IP S-LCIA), chacune répondant à des besoins différents des praticiens :

    • Si l'objectif est d'évaluer la performance sociale ou le risque social, utiliser l'approche RS S-LCIA

    • Si l'objectif est d'évaluer les impacts sociaux conséquents en caractérisant la chaîne de cause à effet, utiliser l'approche IP S-LCIA. Dans cette approche, l'analyse se concentre sur l'identification et le suivi des conséquences des activités, éventuellement jusqu'à des implications à plus long terme le long d'un chemin d'impact.


Références

[1] RECOMMANDATION (UE) 2021/2279 DE LA COMMISSION du 15 décembre 2021 relative à l’utilisation de méthodes d’empreinte environnementale pour mesurer et indiquer la performance environnementale des produits et des organisations sur l’ensemble du cycle de vie


[2] UNEP, 2020. Guidelines for Social Life Cycle Assessment of Products and Organizations 2020. Benoît Norris, C., Traverso, M., Neugebauer, S., Ekener, E., Schaubroeck, T., Russo Garrido, S., Berger, M., Valdivia, S., Lehmann, A., Finkbeiner, M., Arcese, G. (eds.). United Na- tions Environment Programme (UNEP)

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