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Impacts potentiels, impacts réels ?


En Analyse de Cycle de Vie, ou ACV, les résultats de l’analyse d’impact s’expriment en « impact potentiel » : « effet de serre potentiel », « acidification potentielle », etc. C’est encore plus visible avec le nom des indicateurs en anglais : « Global Warming Potential », « Acidification Potential », etc. Que signifie cet adjectif accolé à l’impact ?


Nous pouvons lui trouver une double signification :


  • d’une part, il signifie que l’indicateur affiché résulte d’un calcul, d’une modélisation. Il se distingue ainsi d’une mesure. En effet, le résultat est obtenu en modélisant, sur un logiciel dédié, le cycle de vie du produit[1] étudié. Le modèle enregistre, pour chaque étape du cycle de vie, les différentes émissions contribuant à l’impact considéré. Ces différentes émissions sont ensuite regroupées en un indicateur agrégé.


Par exemple, pour l’effet de serre, le praticien ACViste sommera séparément toutes les émissions de CO2, puis celles de méthane, puis celles d’oxyde nitreux, etc, et calculera ensuite la valeur de l’indicateur « effet de serre » en pondérant chaque valeur obtenue par le « pouvoir radiatif » de l’émission considérée – c’est le « facteur de caractérisation ».


Dans cette perspective, l’adjectif « potentiel » indique que le résultat est une approximation calculée de la réalité.


  • d’autre part, le mode de calcul conduit à approcher la valeur de l’impact « par le haut », c’est-à-dire à le surestimer. En effet, certaines émissions peuvent contribuer à différents impacts, par exemple une molécule de méthane peut contribuer à l’effet de serre si elle reste à l’état de méthane, mais elle peut aussi réagir avec d’autres molécules pour créer de l’ozone troposphérique. Le sort de chaque molécule n’est pas connu a priori.


Or, dans nos calculs, nous ne voulons pas risquer de sous-estimer les résultats. De sorte que lorsque nous calculons l’indicateur « effet de serre », nous prenons en compte tout le méthane émis. Et lorsque nous calculons l’indicateur « création d’ozone photochimique », nous considérons là aussi l’intégralité du méthane émis.


Mais si la molécule de méthane s’est combinée à des oxydes d’azote pour créer de l’ozone, elle n’est plus disponible pour contribuer à l’effet de serre. Il y a donc en quelque sorte un « double comptage », par sécurité, pour éviter de sous-estimer les impacts.


A ce titre, l’adjectif « potentiel » rappelle que le calcul renvoie la valeur maximale de l’impact.

[1] Il est aussi possible de modéliser le cycle de vie d’un service, voire d’une organisation. Mais pour la clarté de l’exposé, nous nous concentrons ici sur une ACV de produit.

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