La loi anti-gaspillage et économie circulaire a été adoptée par les deux chambres parlementaires fin janvier 2020 a été promulguée le 11 février. Selon Camille Hubac, conseillère économique à la Commission européenne, cette loi est une des plus contraignantes au niveau européen en matière de transition vers une économie plus circulaire (voir post du 25 mars).
Cette loi contient des mesures variées qui imposent des transformations majeures au sein des entreprises. Ces transformations doivent ouvrir des opportunités d’innovation. Quelles sont ces opportunités ? Où se situent les points d’entrée de l’éco-conception dans l’entreprise ?
Le cap est fixé, la question est de savoir quels acteurs se positionneront sur ces nouveaux marchés plus exigeants en termes d’impact environnemental mais également propices à l’innovation.
La transformation des modèles d’affaires est inévitable. Autant utiliser cette incitation réglementaire comme une raison d’innover et d’aller au-delà d’une modification à la marge. Au lieu de remplacer de la matière fossile par de la matière biosourcée ou renouvelable, pourquoi ne pas réinventer l’ensemble du modèle même ? Par exemple, en ne remplaçant pas simplement les contenants en plastique par des contenants en verre mais en transformant son modèle en intégrant un système de consigne. Des exemples existent : l’entreprise NOWW qui propose des solutions pour le secteur de la restauration, ou l’entreprise Loop un site de e-commerce circulaire avec qui s’est associé Carrefour.
Dans cet article, nous nous concentrons sur la mesure qui vise à encourager la vente en vrac.
Pour la première fois, la loi propose une définition de ce concept : la vente en vrac désigne la vente de produits sans emballage, en quantité choisie, dans des contenants réemployables ou réutilisables. La loi encourage cette pratique en stipulant que tout produit de consommation courante pourra désormais être vendu sans emballage et les surfaces de vente de plus de 400m2 devront proposer des récipients adaptés en conséquence. Il reste encore à définir ce que signifie « des produits de consommation courante ». Il n’en reste pas moins que le développement du vrac impose aux grandes surfaces une éco-conception de leurs systèmes logistiques et de distribution. De nombreuses enseignes ont déjà passé le pas. Au-delà des magasins spécialisés bio, ou des magasins 100% vrac, de nombreux grands distributeurs ont mis en place un rayon vrac. Des exemples en dehors de l’alimentaire existent également, tels que Leroy Merlin pour la visserie.
Toutefois, pour une généralisation au-delà de l’épicerie des produits secs, la problématique de la tare reste, entre autres, un frein significatif. Rassurez-vous, des solutions existent. Des entreprises proposent des caisses, logiciels, contenants adaptés à la vente en vrac, pour faciliter à la fois la gestion du vrac par l’entreprise et fluidifier l’expérience du consommateur. Le but n’étant pas d’allonger les files d’attente à la balance ou de multiplier les erreurs de pesée et de saisie. Un exemple : la société Vracoop s’est spécialisée dans le développement de solutions et services pour faciliter la vente de produits en vrac. La société propose une caisse enregistreuse qui se charge de la tare. La solution repose sur différents composants (balance connectée, lecteur code-barres, écran tactile, etc.) et une étiquette qui tout en facilitant la tare rend visible le nom de l’enseigne sur les contenants et passe au lave-vaisselle.
L’arrivée des étiquettes RFID pourrait encore améliorer le confort d’utilisation et l’autonomie du consommateur avec des bacs enregistreurs permettant un encaissement plus rapide. Décathlon n’a pas hésité à déployer ce système sur l’ensemble de ses magasins. Cette transformation majeure, relativement coûteuse, lui a permis de gagner en fluidité sur l’ensemble de sa supply chain.
Cet exemple montre comment la recherche de la performance environnementale peut conduire à l’innovation et à la création de valeurs nouvelles pour le consommateur.